lundi, février 12, 2007

Aux échecs

…Échouer à dire le propre d’autrui
tout en suscitant son ombre
(Richard Millet)
Ses amis l’appelaient, et l’appellent toujours, Fischer ; il m’a appris, lorsque j’avais huit ou neuf ans, les règles basiques du jeu et m’a offert son exemplaire des Lecciones de ajedrez du plus légendaire des Grands Maîtres Internationaux (un Américain aux origines vaguement juives, Bobby de son prénom), à qui mon oncle devait un sobriquet que ma grand-mère détestait parce que, disait-elle, Juan Antonio est un bien beau prénom. C’est lui que, le mois d’octobre dernier, je suis allé voir un week-end à Paris, où lui et sa femme s’étaient rendus pour célébrer leurs vingt-cinq ans de mariés.
Le mince volume Petit éloge d’un solitaire, dont la couverture montre précisément un morceau d’échiquier et quelques pièces –un pion blanc entouré de noirs–, vient d’être publié par un exact contemporain, à quelques jours près, de mon oncle.
Bref séjour avec les vivants est l’heureux titre d’un livre de la Bayonnaise Marie Darrieussecq paru en 2001 ; Ma vie parmi les ombres, de 2003, celui du plus long roman de Richard Millet, semble valoir aussi, sinon pour l’ensemble, du moins pour une bonne partie de l’œuvre du Corrézien, dont ce Petit éloge d’un solitaire ne ferait qu’un chapitre. Je vous laisse prendre connaissance avec le Toulousain Germain Millet, ou plutôt avec les efforts de son petit-fils, qui tente là presque en vain de l’évoquer –si ce n’est d’en convoquer l’ombre.

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